LES CRISTALLERIES DES VOSGES

Le massif des Vosges offrait avec son grès porphyroïde, à la teinte rouge sombre, ses forêts de sapins et ses champs de fougères, un site idéal pour les verreries au bois, que les gentilshommes-verriers exploitèrent dès la fin du moyen-âge, et surtout depuis la moitié du XVIIIème siècle, après les désastres de la “Guerre de Trente Ans”. Ces verreries, en se convertissant pour au moins deux d’entre elles au verre chargé de plomb, qu’on appelle le cristal, ont tant bien que mal survécu à la crise actuelle. On les visite avec délices. La verrerie de Meisenthal en Moselle ne souffle plus que les “boules de Noël”, mais présente une exposition vivante des techniques verrières ainsi que des vases d’Emile Gallé. La cristallerie de Saint-Louis-lès-Bitche, en Moselle toujours, a édifié une gigantesque halle d’exposition,dont le parcours sur mille mètres et cinq étages fait découvrir les collections réunies depuis 1820 et des milliers d’objets souvent splendides. Elle compte 250 salariés. La cristallerie de Baccarat en Meurthe-et-Moselle emploie encore mille personnes et présente ses belles collections dans l’ancien hôtel du directeur. On attend pour 2009 que Lalique à son tour ouvre son exposition dans le Bas-Rhin. Il faut  passer de longs moments dans ces sites prestigieux.

Michel Bégon (de Robert Bousquet).

Livre “L’ALSACIEN”, le drame des “malgré-nous”

Livre “L’ALSACIEN”, le drame des “malgré-nous”

L’ALSACIEN, LE DRAME DES “MALGRÉ NOUS”

Quelques semaines avant de disparaître, Christelle de Robert a révélé à la Réveillée le livre publié dès les années 1950 par Georges Starcky, son père, sur ses terribles campagnes de 1943 à 1945 dans les rangs de la Wehrmacht. C’est un récit sobre et saisissant, réaliste et parfois moqueur, de la chute du régime hitlérien dans l’horreur et de sa propre descente aux enfers. Edité sous le titre « l’Alsacien » et réédité sous le titre « les Malgré Nous », l’ouvrage devait être mis en images pour une série télévisuelle; mais la famille s’y est opposée, parce que les scénaristes voulaient romancer un brin les épreuves du héros.

Alors que son frère Jean servait dans l’armée française, Georges Starcky, né et vivant à Mulhouse (Haut-Rhin), se vit embrigader de force dans l’armée allemande, à l’été de 1943, pour porter renfort au front de l’est qui vacillait après les défaites de Stalingrad et Koursk .

Couverture du livre de Georges Starcky

Couverture du livre de Georges Starcky

Parlant le français, l’allemand et les langues slaves, Starcky pouvait servir d’interprète et même échanger avec les populations occupées, ce qui en a fait le témoin privilégié des combats, des persécutions et des massacres. Il a participé aux batailles du Pripet, du Dniepr, de Galicie, de Slovaquie, puis de Silésie, en gardant  le regard et le cœur français sur des catastrophes inimaginables. Il a sauvé des vies, même de soldats russes. Ce qui l’a vite fait soupçonner de défaitisme et trahison par les officiers allemands. Ses descriptions de l’incendie de la rive gauche du Dniepr et du chaos de la Wehrmacht sous les canonnades russes sont terrifiantes. Seule sa prodigieuse habileté a voulu qu’il regagnât l’Alsace après le 8 mai 1945, pour témoigner d’abord, mais aussi mourir des blessures subies.